Essai tracteur Massey Ferguson 8S.305 Dyna-VT : sur un petit nuage
Fer de lance de la gamme de tracteurs Massey Ferguson jusqu’à l’arrivée récente des 9S, la série 8S est le symbole de la rupture d’identité de la marque. Le 8S.305 que nous avons eu à l’essai développe 305 ch de puissance maximale grâce à son bloc Agco Power de 7,4 L. Il est équipé de la variation continue Dyna-VT issue du groupe Agco. Nous avons pris les commandes de la bête, entre deux averses au mois d’octobre, sur une ferme céréalière à Barcy, en Seine-et-Marne.
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Au moment du test, il est encore le tracteur le plus puissant de la nouvelle génération Massey Ferguson. Le 8S.305, avec ses 305 ch de puissance maximale, est la figure de proue de cette nouvelle image que s’est construite la firme aux trois triangles. Une marque pour laquelle j’éprouve une affection particulière puisque c’est au volant d’un MF 3080 et d’un MF 6270 Dyna-4 que j’ai fait mes premières armes sur un tracteur. C’est donc avec beaucoup d’attentes et d’impatience que j’appréhende l’essai du 8S.305. Celui-ci intègre un moteur maison Agco Power de 7,4 L de cylindrée qui n’utilise ni filtre à particules, ni vanne EGR. La dépollution est assurée par le système SCR avec injection d’AdBlue et par un catalyseur de suie DOC. Le 8S.305, à l’instar du 8S.285, reçoit uniquement la transmission à variation continue Dyna-VT, disponible également sur les autres modèles de la gamme 8S. Les semi-powershift robotisées Dyna-7 et à gammes sur double embrayage Dyna E-Power peuvent quant à elles intégrer les 8S.205, 8S.225, 8S.245 et 8S.265. Pour essayer la bête, nous avions projeté de prendre part à plusieurs travaux sur une ferme céréalière de Barcy, en Seine-et-Marne. Du déchaumage et du transport de maïs sur une route très fréquentée faisaient partie d’un programme dont certaines parties vous le comprendrez, ont rapidement tourné court, perturbées par une météo capricieuse.
Une identité forte
Le Massey Ferguson 8S.305 est à peine entré dans la cour de la ferme que je remarque tout de suite l’esthétique néo-rétro pour lequel a opté le constructeur. Le liseré et les montants de cabine de couleur grise, évoquant l’identité des youngtimers de la marque, me replongent dans mes souvenirs d’enfance. En revanche, les lignes agressives des optiques, la taille de guêpe de l’engin et le design de sa cabine associé à l’espace conséquent jusqu’au capot ancrent ce 8S dans son époque, faisant de ce mariage des styles une réussite. La montée en cabine, qui s’avère perchée, se fait en sécurité grâce à des poignées et à un marchepied en escalier. C’est à l’intérieur que la nouvelle identité de Massey Ferguson est la plus marquée. Le 8S m’accueille dans un environnement basé sur une structure à quatre montants de 3,4 m3, certes plus sombre, mais offrant un haut niveau de finition. Ces montants sont bien dissimulés derrière des plastiques parfois habillés de cuir aux surpiqûres haut de gamme. Le nouveau volant ne cache plus le tableau de bord puisque celui-ci est remplacé par un pavé numérique positionné sur le montant avant droit. La technologie tient d’ailleurs une place importante dans ce nouvel environnement, à l’instar de l’écran Datatronic 5 facilitant désormais les réglages du tracteur. Dans notre cas, ce terminal de 9” s’accompagne d’un second écran de même taille, nommé « Fieldstar 5 », configurable et paramétrable pour afficher l’outil connecté via l’Isobus. Enfin, pour conclure cette partie sur l’esthétique du tracteur, nous découvrons le travail du studio de personnalisation d’usine MF by You. Notre 8S.305 reçoit un lot d’accessoires parfaitement intégrés dans la cabine, tels que deux porte-bouteilles glissant sur un rail, un espace pour le téléphone situé à côté de l’écran et un plateau fixé au montant droit. Le cache chromé du pot d’échappement finit de personnaliser ce tracteur d’essai. Le studio MF by You permet en outre au constructeur de proposer des options et d’en assurer la garantie, comme le télégonflage ou un changement de coloris.
L’allié Datatronic 5
L’essai du 8S.305 se poursuit avec le déchaumeur à dents Terria mis à disposition par la filiale française de Pöttinger, par l’intermédiaire du concessionnaire local Agri Santerre. Une fois l’outil attelé, je m’affaire à attribuer les boutons aux distributeurs de mon choix. La manœuvre est simple depuis l’écran tactile Datatronic 5. Je peux également y régler le débit et une temporisation. Le 8S.305 dispose d’une pompe hydraulique dédiée aux six distributeurs auxiliaires délivrant 205 L/min. Une option « Eco » permet d’atteindre le débit maximal sans monter dans les tours. Un joystick en croix, regroupant de nombreuses commandes pour l’hydraulique, facilite le pilotage des distributeurs.
Le reste des réglages s’avère tout aussi rapide grâce à l’interface ergonomique du terminal. Personnalisable, celle-ci peut mémoriser différents profils conducteurs. Je navigue entre les menus en faisant glisser mon doigt sur le côté, à gauche ou à droite. Je configure rapidement la manœuvre en bout de champ avant de me lancer dans la création de la ligne GPS pour l’autoguidage. La fonction Dual Control, bien connue des clients de la marque, permet également de synchroniser les mouvements des relevages avant et arrière. Louis Morizot, chef de produit tracteurs chez Massey Ferguson, me suggère d’utiliser la création de ligne automatique. Après avoir renseigné les détails de l’outil et donné un nom à la ferme, je me lance dans l’arpentage de la parcelle, tandis que le GPS du tracteur enregistre mon itinéraire. Une fois le tour effectué, le système de localisation mémorise le champ dans son disque dur et crée automatiquement les lignes de guidage qu’il juge optimales. Je me lance donc sur une des lignes, déclenche la manœuvre en bout de champ et… patatras ! Les 200 mm tombés les jours précédents n’ont pas fini de ressuyer, le tracteur patine rapidement, mettant un terme à la séance d’essai « traction ». À l’horizon, les nuages menaçants n’annoncent rien de bon pour la suite et, finalement, nous ne pourrons jamais reprendre cette partie. Dommage, car le constructeur annonçait un programme moteur alléchant, avec un couple maximal disponible dès 1 000 tr/min.
Du levier à la pédale
Pas de quoi nous déstabiliser pour autant, je me rabats sur la partie routière. J’attelle pour cela une benne sous-dimensionnée pour l’engin de 16 t à double essieu. L’objectif n’est plus de tester la puissance, mais plutôt le confort et l’expérience de conduite offerte par le 8S sur une route très fréquentée du Bassin parisien. Le temps est maussade, il fait froid, la fonction chauffante du siège va m’aider à me mettre en route. J’engage par réflexe l’avancement avec l’inverseur à gauche du volant, présent sur la marque depuis presque vingt ans, mais j’aurais tout aussi bien pu le sélectionner directement sur le joystick Multipad, le levier principal de l’accoudoir. J’opte pour la deuxième gamme de la transmission à variation continue, plus adaptée au transport. Il me suffit ensuite de pousser le levier pour avancer ou de le tirer pour m’arrêter. Sa sensibilité est liée à la vitesse maximale, modifiable via une molette. Je règle l’allure sur 40 km/h pour rouler sur toute la plage légale, bien qu’elle ((la benne ?)) soit homologuée à 50 km/h. En avant, le tracteur atteint sans mal sa vitesse maximale et maintient un régime faible. À cette vitesse, il se comporte bien et ne secoue pas. La suspension empêche d’éventuels rebonds et absorbe les nids-de-poule. Sur le Datatronic 5, je choisis la vitesse à partir de laquelle l’essieu suiveur sera verrouillé automatiquement. Ainsi, les coups de volant à grande vitesse n’entraîneront pas de mouvements impromptus de la remorque. La suspension de cabine sur deux points à l’arrière, dotée d’un système dit « actif », dispose d’un mode route. Celui-ci amortit les chocs pour le chauffeur. Bénéficiant en plus d’un siège suspendu sur trois axes, je circule dans ce 8S comme sur un petit nuage, et ce, à grande comme à faible vitesse. Le passage de la conduite avec le joystick au mode pédale ne demande aucune manipulation, laissant ainsi libre cours aux changements d’humeur du chauffeur. Je décélère en arrivant à un carrefour, le frein moteur m’arrête rapidement sans que j’aie besoin d’appuyer sur les pédales de frein. Pour un freinage d’urgence en revanche, ces dernières s’avéreront utiles et efficaces. La circulation est dense, et je dois me faufiler sur certaines places de villages et, plus tard, dans la cour de la ferme enclavée dans le centre de Barcy. Le 8S.305 se démarque en ce point tant sa maniabilité est exceptionnelle. Son rayon de braquage est si court que les tracteurs de 200 ch concurrents présents sur la ferme peinent à l’atteindre. Celui-ci est obtenu grâce à la taille de guêpe du châssis du tracteur. Le large espace entre le capot et la cabine donne un autre avantage. À bord, le bruit et les vibrations sont presque absents. Pour résumer, une journée de transport avec ce tracteur limitera la fatigue du chauffeur.
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